La Mamaya de Kankan : une danse traditionnelle entre spiritualité et élégance

La Mamaya de Kankan : une danse traditionnelle entre spiritualité et élégance

Chaque année à Kankan, la capitale culturelle de la Haute-Guinée, se déploie un spectacle unique mêlant tradition, ferveur et raffinement : la Mamaya. Plus qu’une simple danse, la Mamaya est une institution sociale et spirituelle, un moment d’expression culturelle profondément enraciné dans l’identité mandingue.

Une tradition née du cœur du Mandingue

La Mamaya trouve ses origines au début du XXe siècle, dans la ville historique de Kankan. Inspirée des danses mandingues anciennes, elle a été codifiée par des notables et des membres influents de la société traditionnelle. À l’origine, elle servait à honorer les grandes figures religieuses et marquait la fin du mois de jeûne ou la célébration de la Tabaski.

Au fil des décennies, elle est devenue l’un des symboles les plus forts du patrimoine culturel immatériel guinéen, notamment dans la région de la Haute-Guinée.

Une danse codifiée, élégante et solennelle

La Mamaya est une danse collective et circulaire. Les participants, souvent des hommes et femmes d’âge mûr, se déplacent lentement en cercle, avec grâce, retenue et synchronisation. Les mouvements sont lents, presque chorégraphiques, accompagnés par le balafon, le djembé, et parfois la kora, dans une atmosphère empreinte de spiritualité.

La Mamaya impose un code vestimentaire strict : les participants arborent leurs plus beaux grands boubous brodés, souvent assortis entre eux, et des accessoires traditionnels comme le chéchia, les colliers ou les ceintures en tissu. Tout est dans le détail, dans l’élégance mesurée et la retenue symbolique.

Un moment de cohésion et de transmission

Au-delà de sa beauté esthétique, la Mamaya est un puissant outil de cohésion sociale. Elle rassemble familles, générations et communautés autour d’un héritage commun. Les anciens y jouent un rôle central : ils transmettent les gestes, les rythmes, et surtout l’esprit de la Mamaya, fondé sur le respect, la spiritualité, et l’harmonie collective.

C’est aussi une scène d’expression intergénérationnelle, où les jeunes observent, apprennent, et parfois innovent, tout en respectant les codes ancestraux.

Une fierté nationale en quête de reconnaissance mondiale

En 2019, la Mamaya a été inscrite au patrimoine culturel immatériel national de la Guinée, une reconnaissance officielle qui célèbre sa valeur historique et sociale. Des démarches sont également en cours pour son inscription au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO, afin de garantir sa préservation et sa transmission à l’échelle internationale.